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neuvième époque.


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Mais aujourd’hui, grand Dieu ! que la ville éternelle
Voit ses mornes déserts s’élargir autour d’elle ;
Qu’en pleurs elle s’assoit, veuve, entre des tombeaux ;
Que le vent seul, hélas ! soulève sa poussière,
Et que le Tibre nu voit tomber pierre à pierre
          Sa ville morte dans ses eaux ;


Quand les martyrs du Christ, se levant de leurs tombes,
Ont ramené deux fois son peuple aux catacombes,
Et retrempé ses mains dans son sang répandu ;
Quand l’ire du Seigneur, rude mais salutaire,
A courbé du genou sa tête jusqu’à terre
          Pour redresser l’arc détendu ;


Quand deux fois en dix ans les Gaulois, dans la poudre,
Ont par leurs cheveux blancs traîné ces dieux sans foudre,
Et mis le temple à nu et l’autel à l’encan,
Et que de ces vieillards, qu’outrage encor la haine,
L’un mourut sans tombeau, l’autre possède à peine
          L’ombre courte du Vatican ;


Quand le monde indécis nage en paix dans son doute,
Que la croix du clocher redescend sous la voûte,
Et que, si nous venons pour prier au saint lieu,
On ferme à deux battants les portes de l’église,
De peur que des soupirs l’écho ne scandalise
          Ceux qui craignent l’ombre d’un Dieu…