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jocelyn.

Et lui faire boire à sa source
L’eau de la vie et de l’amour !


Le cœur des mères te soupire,
L’air sonore roule ta voix,
La lèvre d’enfant te respire,
L’oiseau t’écoute aux bords des bois ;
Tu sors de toute la nature
Comme un mystérieux murmure
Dont les anges savent le sens ;
Et ce qui souffre, et ce qui crie,
Et ce qui chante, et ce qui prie,
N’est qu’un cantique aux mille accents.


Ô saint murmure des prières,
Fais aussi dans mon cœur trop plein,
Comme des ondes sur des pierres,
Chanter mes peines dans mon sein ;
Que le faible bruit de ma vie
En extase intime ravie
S’élève en aspirations ;
Et fais que ce cœur que tu brises,
Instrument des célestes brises,
Éclate en bénédictions !


Un travail est fini, l’autre aussitôt commence.
Voilà partout la terre ouverte à la semence :
Aux corbeilles de jonc puisant à pleine main,
En nuage poudreux la femme épand le grain ;