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neuvième époque.

Non, tu n’es pas du cœur la vaine illusion,
Du sentiment humain une dérision,
Un corps organisé qu’anime une caresse,
Automate trompeur de vie et de tendresse !
Non ! quand ce sentiment s’éteindra dans tes yeux,
Il se ranimera dans je ne sais quels cieux.
De ce qui s’aima tant la tendre sympathie,
Homme ou plante, jamais ne meurt anéantie :
Dieu la brise un instant, mais pour la réunir ;
Son sein est assez grand pour nous tous contenir !
Oui, nous nous aimerons comme nous nous aimâmes.
Qu’importe à ses regards des instincts ou des âmes ?
Partout où l’amitié consacre un cœur aimant,
Partout où la nature allume un sentiment,
Dieu n’éteindra pas plus sa divine étincelle,
Dans l’étoile des nuits dont la splendeur ruisselle
Que dans l’humble regard de ce tendre épagneul
Qui conduisait l’aveugle et meurt sur son cercueil !!!


Viens, viens, dernier ami que mon pas réjouisse,
Ne crains pas que de toi devant Dieu je rougisse ;
Lèche mes yeux mouillés, mets ton cœur près du mien,
Et, seuls à nous aimer, aimons-nous, pauvre chien !