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jocelyn.


» Il est, au dernier plan des Alpes habité,
Un village à nos pas accessible en été,
Et dont, pendant huit mois, la neige amoncelée
Ferme tous les sentiers aux fils de la vallée.
Là, dans quelques chalets sur les pentes épars,
Quelques rares tribus de pauvres montagnards,
Dans des champs rétrécis qu’ils disputent à l’aigle,
Parmi les châtaigniers sèment l’orge et le seigle,
Dont le pâle soleil de l’arrière-saison
Laisse à peine le temps d’achever la moisson.
Le Dieu de l’indigent vous donne ce royaume :
Son autel est de bois, et n’a qu’un toit de chaume ;
Mais mieux que sur l’autel de luxe éblouissant,
Aux mains jointes du peuple et du prêtre il descend.
Il se souvient encore que son humble lumière,
Avant l’orgueil du temple, éclaira la chaumière ;
Et ces âmes des champs, toutes du même prix,
Il vous les comptera là-haut. Allez, mon fils ! »