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jocelyn.

Pour ses petits son souci la consume,
Son blond duvet à ma voix a frémi ;
On voit son cœur palpiter sous sa plume,
Et le nid tremble à son souffle endormi.


À ce doux soin quelle force l’enchaîne ?
Ah ! c’est le chant du mâle dans les bois,
Qui, suspendu sur la cime du chêne,
Fait ruisseler les ondes de sa voix.


Oh ! l’entends-tu distiller goutte à goutte
Ses lents soupirs après ses vifs transports ?
Puis, de son arbre étourdissant la voûte,
Faire écumer ses cascades d’accords ?


Un cœur aussi dans ses notes palpite ;
L’âme s’y mêle à l’ivresse des sens ;
Il lance au ciel l’hymne qui bat si vite,
Ou d’une larme il mouille ses accents.


À ce rameau qui l’attache lui-même,
Et qui le fait s’épuiser de langueur ?
C’est que sa voix vibre dans ce qu’il aime,
Et que son chant y tombe dans un cœur !


De ses accents sa femelle ravie
Veille attentive en oubliant le jour ;
La saison fuit, l’œuf éclôt, et sa vie
N’est que printemps, que musique et qu’amour.