Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 4.djvu/201

Cette page a été validée par deux contributeurs.
200
jocelyn.

moi.

Vois-tu là-haut dans la vallée,
Où le jour glisse pas à pas,
Où la neige, en tapis roulée,
Se fane, fume et ne fond pas ;
Vois-tu l’arc-en-ciel, dans sa couche,
Frémir au rayon qui le touche,
Comme un serpent dans son sommeil,
Qui sur ses mille écailles peintes
Reflète à l’œil les triples teintes
De l’eau, de l’air et du soleil ?


C’est le nid où sur la montagne
Ce serpent du ciel vient muer :
À mesure que le jour gagne,
Vois ses écailles remuer !
Vois comme en changeante spirale
Il noue, il concentre, il étale
Ses tronçons d’orange et de bleu !
Regarde ! le voilà qui lève,
Au brouillard, son cou comme un glaive,
Et lui vibre son dard de feu.


Il monte, aspiré par l’aurore.
Oh ! comme chaque anneau dormant
Du glacier qui se décolore
Se détache insensiblement !