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troisième époque.

Et cet élan, qui suit ta fascination,
Semble de notre instinct la révélation.


Qui sait si tu n’es pas en effet quelque image
De Dieu même, qui perce à travers ce nuage,
Ou si cette âme, à qui ce beau corps fut donné,
Sur son type divin ne l’a pas façonné ;
Sur la beauté suprême, ineffable, infinie,
N’en a pas modelé la charmante harmonie,
Ne s’est pas en naissant, par des rapports secrets,
Approprié sa forme et composé ses traits ;
Et, dans cette splendeur que la forme révèle,
Ne nous dit pas aussi : « L’habitante est plus belle ? »


Nous le saurons un jour, plus tard, plus haut. Pour moi,
Dieu seul m’en est témoin et lui seul sait pourquoi ;
Mais, soit que la beauté brille dans la nature,
Dans les cieux, dans une herbe, ou sur une figure,
Mon cœur, né pour l’amour et l’admiration,
Y vole de lui seul comme l’œil au rayon,
La couve d’un regard, s’y délecte et s’y pose,
Et toujours de soi-même y laisse quelque chose,
Et mon âme allumée y jette tour à tour
Une étincelle ou deux de son foyer d’amour.


Je me suis reproché souvent ces sympathies
Trop soudaines en moi, trop vivement senties,
Ces instincts du coup d’œil, ces premiers mouvements,
Qui d’une impression me font des sentiments.