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ACTE II, SCÈNE II

SCÈNE NEUVIÈME


TOUSSAINT, ADRIENNE.
adrienne.

Et moi, puis-je rester, mon oncle ?

toussaint.

Et moi, puis-je rester, mon oncle ?Enfant chérie !

À part.

Mes pleurs à cette voix sont tout prêts à couler.

Haut.

Fleur au milieu d’un camp, qu’un soldat peut fouler,
Hélas ! il valait mieux naître sur une tombe
Que sur un sol fouillé par l’obus et la bombe !
Écoute, approche-toi, réponds-moi sans effort.
Aimes-tu ton pays ?

adrienne.

Aimes-tu ton pays ?Moi ?…

toussaint.

Aimes-tu ton pays ? MoiMais, jusqu’à la mort ?…

adrienne.

Mon oncle et mon pays, n’est-ce pas même chose ?
N’êtes-vous pas pour moi tout ce qui le compose ?…
Ai-je un autre pays que l’ombre de vos pas ?
Que me serait la terre où vous ne seriez pas ?

toussaint.

Pauvre amour ! La réponse est douce, mais amère.

À part.

Mon vieux cœur est ému tout comme un cœur de mère.
Quoi ! de tous ses instincts le vieux noir triomphant
Ne peut voir sans pleurer ce visage d’enfant.