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RAPHAËL

LXXVII

Quelles lettres ! quelle flamme ! quels demi-jours ! quelles teintes ! quels accents ! quel feu et quelle pureté mêlés ensemble comme la flamme et la limpidité dans le diamant ! comme l’ardeur et la pudeur sur le front de la jeune fille qui aime ! quelle naïveté forte ! quel épanchement intarissable ! quels réveils soudains dans la langueur ! quels chants et quels cris ! Puis quels retours tristes comme des notes inattendues à la fin d’un air ! puis quelles caresses de mots qu’on se sentait passer sur l’âme, comme ces haleines que la mère souffle, en jouant, sur le front de son enfant qui sourit ! et quels bercements voluptueux de paroles à demi-voix et de phrases rêveuses et balbutiantes qui semblent vous envelopper de rayons, de murmures, de parfums, de calme, et vous conduire insensiblement, par l’assoupissement des syllabes, au repos de l’amour, au sommeil de l’âme, jusqu’au baiser sur la page qui dit : « Adieu ! » adieu et baiser qu’on recueille sans bruit, comme il y a été posé par les lèvres !

LXXVIII

Je les ai retrouvées toutes, ces lettres. Je l’ai feuilletée page à page, cette correspondance, classée et reliée soigneusement après la mort, par la main d’une pieuse amitié, une lettre répondant à l’autre, depuis le premier billet jusqu’au dernier mot écrit d’une main saisie déjà par la mort, mais que l’amour affermissait encore. Je les ai relues, et je