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ACTE II, SCÈNE II
À ses fils.

Ces prières d’enfants, sur ses genoux priées,
Ne les avez-vous pas chez les blancs oubliées ?

albert.

Un peu, père.

isaac.

Un peu, père.Moi, non !

toussaint.

Un peu, père. Moi, non !Dis-les, pauvre petit.
Quand je ferme les yeux, quand ta voix retentit,
Je la crois encor là ! le doux temps recommence…

Avec délire.

Je suis au ciel, enfants ! ou je suis en démence !…
Oh ! mon Dieu ! fais durer ces moments d’autrefois !

À Isaac.

Isaac ! allons !

adrienne, naïvement.

Isaac ! allons !Lui n’a pas changé de voix.

isaac, à genoux et les mains dans celles de son père.

 « Dieu descendu du ciel dans le sein d’une femme,
Pour porter nos travaux, pour délivrer notre âme ;
Dieu né dans une étable et mort sur une croix,
Je prie en ton saint nom ton père en qui je crois !
J’aime ta pauvreté, j’espère en ton supplice ;
Par les gouttes de sang de ton divin calice,
Sanctifie, ô Jésus ! sur le front du chrétien,
Les gouttes de sueur qui découlaient du tien !
Fais-nous par ton exemple honorer notre père,

Toussaint relève la tête avec orgueil.

Fais-nous croître et souffrir les yeux sur notre mère !
Donne-nous le repas des oiseaux du buisson,
Le grain qui sur le champ reste après la moisson,