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ACTE II, SCÈNE II
À part.

Digne sang de Toussaint, hélas ! où coules-tu ?
Entre mon fils et toi, Dieu ! quelle différence !

Il va chercher le drapeau noir et le lui remet roulé dans
les mains.

Tiens, reçois dans tes mains ma vie ou ma vengeance ;
Regarde, écoute, épie, observe et comprends tout ;
Prends garde au feu des blancs de t’exposer debout.
Mais dès qu’un bruit de pas, des voix, des feux, des armes,
Jetteront dans ton cœur le moindre cri d’alarmes,
Préviens mon geste même, et d’un ou deux élans
Monte et déploie en haut ce noir linceul des blancs !

adrienne, saisissant avec transport le drapeau et
le pressant sur son coeur.

Aux transports paternels livre-toi sans contrainte.
La main qui tient ton sort ne connaît pas la crainte.
Je veillerai sur eux ; pas un de leurs soldats
Sans être signalé ne pourra faire un pas.


SCÈNE SIXIÈME


Les précédents, ALBERT, ISAAC, officiers, soldats de l’armée française, généraux, officiers, soldats de l’armée de toussaint, peuple, puis SALVADOR.
L’escorte des enfants de Toussaint gravit les pentes du camp ; on distingue Salvador à la tête des soldats. — Quelques officiers noirs arrêtent l’escorte à une distance convenable. — Un noir fait sortir Albert et Isaac des rangs ; ils s’élancent en courant de toutes leurs forces vers Toussaint immobile qui leur tend les bras. — Toussaint se dégage pour les contempler ; il reste comme enivré de leur vue.
toussaint, touchant la tête de ses enfants tour à tour.

Ô mes pauvres petits !

albert, retombant sur son sein.

Ô mes pauvres petits !Ton Albert !