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ACTE II, SCÈNE II

moïse, à voix basse.

C’est qu’il est des secrets qui transpercent des murs !

Après avoir de nouveau regardé à droite et à gauche, sans voir Toussaint qui se baisse tout à fait derrière lui.

Écoutez ! — Au milieu de ces montagnes sombres
Que d’épaisses forêts revêtent de leurs ombres,
Séjour inaccessible à tous les pas humains,
Où les lits des torrents tracent les seuls chemins,
Sous un autre fermé par des pins et des hêtres…

leclerc.

Il est la ?…

toussaint, se dressant de toute sa hauteur devant Moïse, laisse couler à ses pieds ses haillons, ses yeux reparaissent, il tire un poignard de sa ceinture et le plonge dans la gorge de Moïse, en s’écriant :

Non ! il est partout où sont les traîtres !
Moïse tombe, la main sur la table du conseil. On se précipite pour saisir Toussaint ; mais, à la faveur de la confusion, il s’élance en trois bonds sur la pointe du rocher qui forme le cap élevé sur la mer derrière la tente du conseil, et se lance dans les flots. — Des soldats arrêtent Adrienne.


L’état-major s’élance à sa poursuite vers le rocher et regarde l’abîme avec des gestes de colère et de surprise. — Des soldats accourent, gravissent le promontoire et font feu sur Toussaint.
leclerc.

Son corps s’est-il brisé sur l’angle du récif ?

rochambeau, regardant et parlant lentement.

Non… Le voila qui nage… Il démarre un esquif…
Il déferle une voile… Il ouvre ses deux rames…
Il fuit… Il disparaît sous l’écume des lames.

leclerc, aux officiers.

Vite au port !… À la voile !… Allez !… Gagnez au vent !…
Qu’on le prenne à la mer !… Courez… Mort ou vivant !


fin du troisième acte.