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de ce nom, de cet âge ! Vous la protégerez, vous l’épouserez, dites-vous ? Mais y avez-vous bien pensé ? Dans quel pays et sous quelle communion un magistrat et un prêtre consacreront-ils le mariage d’une femme dont la première union aura été déclarée valide par les tribunaux de sa propre patrie ? Et si la princesse Régina ne peut jamais être votre femme, quel sera son nom auprès de vous ?… Qui recevra jamais dans sa maison une femme qui ne peut être épouse et que vous oseriez produire comme concubine ? Songez ici à elle et non à vous ! Quant à nous, il nous est impossible de ne pas frémir du nom que l’arrêt d’un juge prévenu et le hasard d’un jugement va faire porter demain à la femme que vous aimez plus que la vie !

« Dans cette perplexité, que les opinions trop clairement énoncées des principaux juges de l’affaire ont accrue en nous depuis deux jours, nous avons reçu des propositions des hommes de loi chargés de soutenir la cause du prince. Le prince, vous le savez, ne veut et n’a voulu de ce mariage que la fortune de la comtesse, assurée après lui dans ses descendants. Son âge et ses infirmités le rendent insensible à la possession d’une jeune femme. Il ne peut envisager sans répugnance et sans remords la triste nécessité où le jugement de ce procès le place, de jeter à la publicité le déshonneur sur le nom d’une jeune fille qui porte son nom, et qui, indépendamment de ce titre, tient de si près à sa maison par les liens de la parenté. il ne peut hésiter à poursuivre, si vous persistez à vous placer entre Régina et lui ; mais si vous disparaissez du procès, il n’y a plus devant lui qu’une enfant qu’il plaint et qu’il respecte ; il jettera le voile de l’indulgence d’un père sur tout, il consentira et ne jamais revendiquer la résidence de sa femme dans son palais, il lui laissera la disposition de sa fortune personnelle, il ne lui demandera que de continuer à porter son nom chez