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mourir de ma douleur, non de ma honte !  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .
La veille du jugement du procès de la princesse, mes hommes de loi ont reçu des propositions de ceux du prince de ***. Ils sont venus dans la nuit me les transmettre, accompagnés d’un membre tout-puissant du gouvernement. Voici les paroles qu’ils m’ont apportées au nom de la partie adverse :

« Le procès de la princesse ***, dont vous êtes la cause unique et dans lequel votre nom va retentir et votre témoignage d’homme d’honneur sera invoqué, va se décider demain. Nous ne vous dissimulons pas que malgré tous nos efforts nous ne pouvons envisager ce jugement sans terreur. Les précédents, les mœurs, les familles princières de Rome, votre qualité d’étranger, tout est contre vous ou plutôt tout est contre la princesse et contre sa grand’mère. Nous serons condamnés. La condamnation, c’est le couvent à perpétuité pour cette jeune femme que vous adorez, ou l’exil sans l’espérance de rentrer à Rome, avec la perte de tous ses biens en Italie. Vous l’aimez, nous devons vous avertir. Voilà le sort que vous avez fait à votre amour : réfléchissez ! Nous ne parlons pas même des flétrissures qui vont rejaillir sur ce nom de seize ans par les révélations et les témoignages de deux hommes du peuple qui ont participé à l’enlèvement et qui expient leur complaisance pour vous dans la prison. Ce nom va être jeté demain en scandale à Rome et en retentissement à l’Europe. Elle a seize ans : songez combien d’années devant elle pour sentir sa proscription et ses humiliations devant le monde !

« La douleur, la fuite et les climats étrangers vont bientôt user dans les larmes le peu de vie qui reste à sa grand’mère. Quel avenir pour une jeune femme de cette beauté,