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« Je n’avais pas songé que j’avais ma robe de noces !

« — Pourquoi donc, continua-t-elle, as-tu fait faire de si beaux habillements ? »

« J’étais embarrassée :

« — C’est que je viens de me fiancer, lui dis-je, et que je vais me marier. »

« Et je me mis à me déshabiller tout en parlant, à ôter les agrafes de mes souliers fins, à dénouer les nœuds de ma ceinture, à désépingler ma coiffe de dentelles, à détacher mes boucles d’oreilles et mon collier, à dénouer mon fichu de mes épaules, à dépouiller ma robe de soie, à replier tout cela avec soin et à le ranger dans l’armoire pour la noce. La petite me regardait faire en s’émerveillant de tant de belles choses. Puis, quand j’eus fini et fait ma prière et que je fus en chemise, les pieds nus, pour me coucher :

« — Oh ! à présent, dit-elle, je t’aime bien mieux et j’oserais t’embrasser ! »

« Elle me fit place, je soufflai la lampe, et je me couchai à côté de l’enfant.

« — Oh ! bien, à présent, c’est bon, » dit-elle en me passant ses deux bras autour du cou, comme elle avait l’habitude de faire quand elle allait s’endormir. Mais elle était si agitée par la vue de mes beaux habits, par mon absence de toute la journée, et moi j’étais si éveillée par l’impression de tout ce que j’avais vu et fait dans la journée et par l’image de Cyprien, que nous nous empêchions de dormir l’une et l’autre.

« — Eh bien, me dit la petite malicieuse, je ne m’endormirai pas et je ne te laisserai pas dormir que tu ne m’aies tout dit. Tu vas donc te marier, Geneviève ?

« — Oui.

« — Et avec qui ?