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et se glissant d’une lucarne à l’autre ; un âne abandonné et chargé de son bât, broutant l’herbe entre les fentes du seuil des palais ; de temps en temps, un des volets, tous uniformément fermés, s’ouvrant poussé par le bras nu de quelque femme invisible, puis se refermant sans bruit sur le vide ou sur le sommeil ; de longues cordes tendues d’une fenêtre à l’autre, où les blanchisseuses étendent leur linge et les pauvres mères leurs haillons, pour les sécher au soleil ; au fond de la rue, les longues ombres portées de la colonnade de Saint-Pierre, semblables aux obscurités d’une forêt mystérieuse de pierres ; et au-dessus, dans le ciel, la coupole, découpant sur le fond du firmament son globe, ses galeries aériennes et sa dernière balustrade sous la croix, semblable au balcon du palais d’un dieu : voilà l’austère physionomie de ce quartier de Rome. Si une de ces portes s’ouvre pendant que vous passez, et si vous jetez un regard dans l’intérieur de ces demeures, vous voyez de grandes cours où le soleil rejaillit sur les dalles du pavé, sur les conques des fontaines ou sur les marbres des statues encaissées dans les niches des façades, et, au fond de la cour, de grands jardins en pente roide, coupés de gradins de marbre et plantés régulièrement de hauts cyprès, qui s’étendent, comme dans le jardin papal du Vatican, jusqu’aux murs de briques ébréchés et tapissés de lierre des remparts de Rome. Telle était la Longara.


XII


Le couvent, que j’ai visité depuis avec Saluce, ne consistait plus qu’en une grande masure basse percée de sept à huit fenêtres à plein cintre grillées de fer, qu’un grand