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X


J’ai dit que le père et la mère de mon ami habitaient Rome depuis la fin de la guerre de la Vendée. Ils étaient riches ; ils tenaient aux États romains par leur palais de Rome et par des terres considérables, mais de peu de revenu, dans les Abruzzes. Ils avaient un fils et une fille à peu près du même âge. Leur fille s’appelait Clotilde. Le frère et la sœur se ressemblaient comme deux jumeaux. Cette ressemblance, qui avait fait souvent le charme et le jeu de leurs parents pendant leur première enfance, devait plus tard devenir fatale à Saluce. On va voir comment.


XI


Quand leur fille Clotilde eut atteint l’âge de douze ou treize ans, le père et la mère de Saluce la mirent dans un de ces nombreux couvents de Rome, d’où les filles des maisons nobles d’Italie ne sortaient alors que pour leur mariage. Ce couvent, débris d’un plus vieux monastère de femmes, réduit par la révolution à un petit nombre de religieuses âgées et infirmes, n’en comptait plus que trois ou quatre ; il ne comptait non plus que sept ou huit jeunes filles des grandes maisons de l’État romain. Deux seulement, parmi ces élèves, touchaient à l’adolescence, c’étaient Clotilde et Régina. Les autres étaient des enfants de sept à huit ans. Ce rapprochement d’âge et cette diffé-