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En deux cornes d’argent s’arrondissant d’eux-même,
Dessinaient sur son front ce noble diadème,
Symbole de la force et de l’autorité,
Sur le front du bélier par Dieu même jeté,
Et dont, pour imprimer son signe sur leurs têtes,
Jéhovah couronnait le front de ses prophètes :
Tel semblait ce vieillard, et ses traits souverains,
Sa taille surpassant la taille des humains,
Tout en lui rappelait un de ces premiers sages
Heureux contemporains de l’enfance des âges !
Bouclé sur son épaule, un grand manteau de lin
Laissait à découvert la moitié de son sein ;
Une large courroie en serrait la ceinture,
Puis, sur ses pieds divins roulant à l’aventure,
Formait ces larges plis, où, flottant tour à tour,
On voyait se jouer les ombres et le jour.
Il pressait, d’une main, sur sa poitrine nue,
Un livre dont sept sceaux interdisaient la vue ;
Et de l’autre il semblait, avec deux de ses doigts,
Tracer sur l’horizon l’image de la croix.


Auprès du saint vieillard, mais dans l’ombre cachée,
Une femme, une vierge à sa trace attachée,
D’une timide main s’appuyant sur son bras,
Sur un pied suspendue, avançait sur ses pas.
Non, jamais la beauté qu’un amant vierge encore
De ses désirs brûlants en rêves voit éclore,
Jamais le souvenir qu’un jeune époux en deuil,
Pour nourrir ses regrets, évoque du cercueil,
Jamais l’image, enfin, la séduisante image
Que se forme une mère, en portant son doux gage,
N’égala les attraits de cet être charmant
Qu’aux regards d’Éloïm offrit ce seul moment,