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Où le bruit de ses pas, par l’écho reproduit,
Redoublant son effroi, roule au loin dans la nuit,
Et tantôt resserrant ses parois sur sa trace,
Semble, pour l’étouffer, lui refuser l’espace,
Et le force à ramper dans de sombres chemins
Dont le sol déchirait ses genoux et ses mains ;
Mais, le corps insensible aux douleurs qu’il endure,
Il fuirait les humains au bout de la nature,
Et, suivant à tâtons ces immenses détours,
Dans leur muette horreur il s’enfonce toujours ;
Trois fois de la clepsydre où l’homme en vain le pleure,
Le sable aurait versé la mesure d’une heure,
Depuis qu’enseveli dans cet antre profond,
Éloïm avançait sans en trouver le fond.
Déjà depuis longtemps ; le jour livide, oblique,
Qui glissait en rampant par son étroit portique,
De détour en détour, par degrés affaibli,
Sur les flancs de la grotte avait encor pâli,
Puis, s’éteignant enfin dans des vapeurs plus sombres,
Rappelé ses rayons du sein glacé des ombres ;
Dans une nuit sans teinte il perdait son regard.
Il marchait, il tombait, il rampait au hasard,
Enfin d’un jour lointain la débile lumière
Semble d’un doux reflet consoler sa paupière ;
Il doute, il croit longtemps que son œil ébloui
Lui prolonge l’erreur dont ses sens ont joui.
Mais, semblable aux lueurs d’une tardive aurore,
De chacun de ses pas la clarté semble éclore ;
Et du fond rayonnant de cet obscur séjour ;
Il voit enfin jaillir un pur filet du jour ;
Et la fraîcheur de l’air que son haleine aspire,
Tout annonce une issue ; il s’écrie, il respire !
Il s’élance, il accourt, il accourt, mais, hélas !
À ses regards surpris, ce jour n’augmente pas,