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Dans ton vol glorieux te balança sans ailes,
Éblouit les regards des disciples fidèles,
Et, pour les consoler de ton prochain adieu,
Homme prêt à mourir, te montra déjà Dieu ?





Oui, de quelque faux nom que l’avenir te nomme,
Nous te saluons Dieu ! car tu n’es pas un homme.
L’homme n’eût pas trouvé dans notre infirmité
Ce germe tout divin de l’immortalité,
La clarté dans la nuit, la vertu dans le vice,
Dans l’égoïsme étroit la soif du sacrifice,
Dans la lutte la paix, l’espoir dans la douleur,
Dans l’orgueil révolté l’humilité du cœur,
Dans la haine l’amour, le pardon dans l’offense,
Et dans le repentir la seconde innocence !
Notre encens à ce prix ne saurait s’égarer,
Et j’en crois des vertus qui se font adorer.






Repos de notre ignorance,
Tes dogmes mystérieux
Sont un temple à l’espérance
Montant de la terre aux cieux ;
Ta morale chaste et sainte
Embaume sa pure enceinte
De paix, de grâce et d’amour ;
Et l’air que l’âme y respire
A le parfum du zéphire
Qu’Éden exhalait au jour.