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L’autre moitié s’éclaire au jour de tes symboles ;
Deux mille ans, épuisant leurs sagesses frivoles,
N’ont pas pu démentir une de tes paroles,
Et toute vérité date de ton berceau !





Et c’est en vain que l’homme, ingrat et las de croire,
De ses autels brisés et de son souvenir
Comme un songe importun veut enfin te bannir :
Tu règnes malgré lui jusque dans sa mémoire,
Et, du haut d’un passé rayonnant de ta gloire,
Tu jettes ta splendeur au dernier avenir.
Lumière des esprits, tu pâlis, ils pâlissent !
Fondement des États, tu fléchis, ils fléchissent !
Séve du genre humain, il tarit si tu meurs !
Racine de nos lois dans le sol enfoncée,
Partout où tu languis on voit languir les mœurs ;
Chaque fibre à ton nom s’émeut dans tous les cœurs,
Et tu revis partout, jusque dans la pensée,

Jusque dans la haine insensée
De tes ingrats blasphémateurs !

Phare élevé sur des rivages
Que le temps n’a pu foudroyer,
Les lumières de tous les âges
Se concentrent dans ton foyer.
Consacrant l’humaine mémoire,
Tu guides les yeux de l’histoire
Jusqu’à la source d’où tout sort :
Les sept jours n’ont plus de mystère,
Et l’homme sait pourquoi la terre
Lutte entre la vie et la mort !