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Viens donc ! viens, il est temps, tardive Liberté !
Que ton nom incertain, par le ciel adopté,
Avec la vérité, la force et la justice,
Du palais de nos rois orne le frontispice !
Que ton nom soit scellé dans les vieux fondements
De ce temple où la foi veille sur leurs serments ;
Et que l’huile, en coulant sur leur saint diadème,
Retombe sur ton front et te sacre toi-même !
Règne ! mais souviens-toi que l’illustre exilé
Par qui dans ces climats ton deuil fut consolé,
Précurseur couronné que salua la France,
T’annonça dans nos maux comme une autre espérance,
Et, t’arrachant lui seul aux mains des factions,
Fit de tes fers brisés l’ancre des nations ;
Que ton ombre, régnant sur un peuple en délire,
Et victime bientôt des fureurs qu’elle inspire,
Fit au monde étonné regretter les tyrans ;
Que tu fus enchaînée au char des conquérants ;
Que ton pied traîne encor les fers de la victoire
À ces anneaux dorés qu’avait rivés la gloire,
Et que pour affermir et consacrer tes droits,
Ton temple le plus sûr est le cœur des bons rois !