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Son regard, effleurant le faste de ces lieux,
N’y voit qu’un vide immense et se reporte aux cieux.
Hélas ! le sort, voilant l’aube de sa jeunesse,
A brisé dans ses mains une coupe d’ivresse…
Le coup qu’elle a reçu répond à tous les cœurs ;
Ses yeux dans tous les yeux ont retrouvé des pleurs.
Là, deux sœurs, un exil, un palais les rassemble[1] ;
Le malheur, la pitié, les invoquent ensemble ;
Le siècle les admire et ne les connaît pas,
Le pauvre les regarde et les nomme tout bas.

Mais quel est cet enfant ? L’avenir de la France !!!
La promesse de Dieu qu’embellit l’espérance !
De ses seuls cheveux blonds son beau front couronné
Ignore encor le rang pour lequel il est né ;
Libre encor des liens de sa haute origine,
Il sourit au fardeau que le temps lui destine ;
Ses yeux bleus, où le ciel aime à se retracer,
Sur ces pompes du sort s’égarent sans penser ;
Il ne voit que l’éclat dont le trône étincelle,
La vapeur de l’encens qui monte ou qui ruisselle,
Le reflet des flambeaux répété dans l’acier,
Ou l’aigrette flottant sur le front du guerrier ;
Et, comme Astyanax dans les bras de sa mère,
Sa main touche en jouant aux armes de son père.

Le pontife est debout : le nard aux flots dorés
Semble prêt à couler de ses doigts consacrés ;
Charle, à genoux, baissant son front sans diadème,
Offre ses blancs cheveux aux parfums du saint chrême ;

  1. LL. AA. RR. madame la duchesse et mademoiselle d’Orléans.