Mon Dieu ! pour contempler tes justices divines,
Fallait-il regarder si loin ?
N’ai-je pas vu ce diadème,
Par le glaive arraché de la tête suprême,
Rouler dans la poussière aux pieds des factions ?
De la poudre des camps relevé par la gloire,
Joué, gagné, perdu, ravi par la victoire,
Passer avec les nations ?
Hélas ! sur ce sable où nous sommes,
Quand tout mugit encor de ces tempêtes d’hommes,
Qui pourrait envier ce sceptre des humains ?
C’est la foudre du ciel que porte un bras timide !
Qui toucherait sans crainte à cette arme perfide
Près d’éclater entre nos mains ?
Par un ciel d’exil profanées,
L’infortune a doublé le poids de mes journées,
Je descends la pente des ans ;
À peine si mon front, que leur souffle moissonne,
Portera sans fléchir le poids de la couronne
Qui va parer ces cheveux blancs !
La tombe avertit ma paupière ;
L’espoir à son aspect retournant en arrière
Ferme l’avenir devant moi !
Je mourrai ; de la mort l’égalité fatale
Mêlera quelque jour à la cendre banale
La poussière qui fut un Roi !
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