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Comme un sommet battu des coups de la tempête,
Dont les neiges d’automne ont parsemé le faîte,
Avant les jours d’hiver déjà ses cheveux blancs
Ont empreint sur ce front la sainteté des ans,
Et leur boucle d’argent, qui s’échappe avec grâce,
À son panache blanc se confond et s’enlace :
Son œil superbe et doux brille d’un sombre azur ;
Son regard élevé, mais franc, sincère et pur,
Lançant sous sa visière un long rayon de flamme,
Semble à chaque coup d’œil communiquer son âme :
Dans ce regard sévère et clément à la fois,
La nature avant l’homme avait écrit ses droits ;
Il semble accoutumé dès sa première aurore
À regarder d’en haut un peuple qui l’implore ;
Sa bouche, que relève une mâle fierté,
Imprime à son visage un air de majesté ;
Mais sa lèvre entr’ouverte, où la grâce respire,
Tempère à chaque instant l’effroi par un sourire ;
Et cette main, qu’il ouvre et qu’il tend comme Henri,
Tout annonce le Roi !… La nef tremble à ce cri :
Mais d’un geste à la foule il impose silence,
Et d’un pas recueilli vers l’autel il s’avance.

L’ARCHEVÊQUE.

D’où viens-tu ?

LE ROI.

D’où viens-tu ? De l’exil.

L’ARCHEVÊQUE.

D’où viens-tu ? De l’exil.Qu’apportes-tu ?