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Qui portaient le Rhin et les Gaules,
Et l’esprit reprend son marteau !

De ces nations mutilées
Cent peuples naissent sous ses pas,
Races barbares et mêlées
Que leur mère ne connaît pas ;
Les uns indomptés et farouches,
Les autres rongeant dans leurs bouches
Les mors des tyrans ou des dieux :
Mais l’esprit, par diverses routes,
À son tour leur assigne à toutes
Un rendez-vous mystérieux.

Pour les pousser où Dieu les mène,
L’esprit humain prend cent détours,
Et revêt chaque forme humaine
Selon les hommes et les jours.
Ici, conquérant, il balaie
Les vieux peuples comme l’ivraie ;
Là, sublime navigateur,
L’instinct d’une immense conquête
Lui fait chercher dans la tempête
Un monde à travers l’équateur.

Tantôt il coule la pensée
En bronze palpable et vivant,
Et la parole retracée
Court et brise comme le vent ;
Tantôt, pour mettre un siècle en poudre,
Il éclate comme la foudre