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Les voilà, ces heures divines !
Les voilà ! Mes yeux, ouvrez-vous !
La poussière de nos ruines
S’élève entre le jour et nous.

De quel vent soufflera l’esprit que l’homme appelle ?
L’âme avec plus de soif jamais l’attendit-elle ?
Jamais passé sur nous croula-t-il plus entier ?
Jamais l’homme vit-il à l’horizon des âges
Gronder sur l’avenir de plus sombres orages,
Et te prépara-t-il entre plus de nuages

Un plus divin sentier ?


Fends la nue, et suscite un homme,
Un homme palpitant de toi !
Que son front rayonnant le nomme
Aux regards qui cherchent ta foi !

D’un autre Sinaï fais flamboyer la cime,
Retrempe au feu du ciel la parole sublime,
Ce glaive de l’esprit émoussé par le temps !
De ce glaive vivant arme une main mortelle ;
Parais, descends, travaille, agite et renouvelle,
Et ranime de l’œil, et du vent de ton aile,

Tes derniers combattants !


Que la mer des erreurs s’amasse ;
Qu’elle soulève son limon,
Pour engloutir l’heureuse race
De ceux qui marchent en ton nom !

Sur la mer en courroux que ta droite s’étende !
Que ton souffle nous creuse une route, et suspende
Ces flots qui sous nos pas s’ouvrent comme un tombeau !
Que le gouffre trompé sur lui-même s’écroule !