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Tu fis aimer, tu fis comprendre
Ce que la parole avait dit ;
Tu fis monter, tu fis descendre
Le Verbe qui se répandit ;

Tu condensas les airs, tu balanças les nues,
Tu sondas des soleils les routes inconnues,
Tu fis tourner le ciel sur l’immortel essieu ;
Tel qu’un guide avancé dans une voie obscure,
Tu donnas forme et vie à toute créature,
Et, pour tracer sa route à l’aveugle nature,

Tu marchas devant Dieu !


Mais tu ne gardas pas sans cesse
Les mêmes formes à ses yeux :
Tu les pris toutes, ô Sagesse,
Afin de le glorifier mieux !

Tantôt brise et rayons, tantôt foudre et tempêtes,
Son terrible ou plaintif des harpes des prophètes,
Colonne qu’Israël voit marcher devant soi,
Parabole touchante ou sanglant sacrifice,
Sueur des Oliviers la veille du supplice,
Grâce et vertu coulant de ce divin calice,

C’est toi, c’est toujours toi !


Le genre humain n’est qu’un seul être
Formé de générations ;
Comme un seul homme on le voit naître :
Ton souffle est dans ses passions.

Jeune, son âme immense, orageuse et profonde,
Déborde à flots d’écume et ravage le monde ;
Tu sèmes ses flocons de climats en climats ;