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Ces lueurs sur la côte et ces champs sur les vagues,
N’avaient ému mes sens de voluptés si vagues.
Pourquoi comme ce soir n’ai-je jamais rêvé ?
Un astre dans mon cœur s’est-il aussi levé ?
Et toi, fils du matin, dis, à ces nuits si belles
Les nuits de ton pays, sans moi, ressemblaient-elles ? »
Puis, regardant sa mère assise auprès de nous,
Posait pour s’endormir son front sur ses genoux.

Mais pourquoi m’entraîner vers ces scènes passées ?
Laissons le vent gémir et le flot murmurer ;
Revenez, revenez, ô mes tristes pensées !

Je veux rêver, et non pleurer.






Que son œil était pur et sa lèvre candide !
Que son ciel inondait son âme de clarté !
Le beau lac de Némi, qu’aucun souffle ne ride
A moins de transparence et de limpidité.
Dans cette âme, avant elle, on voyait ses pensées ;
Ses paupières jamais, sur ses beaux yeux baissées,
Ne voilaient son regard d’innocence rempli ;
Nul souci sur son front n’avait laissé son pli ;
Tout folâtrait en elle : et ce jeune sourire,
Qui plus tard sur la bouche avec tristesse expire,
Sur sa lèvre entr’ouverte était toujours flottant,
Comme un pur arc-en-ciel sur un jour éclatant.
Nulle ombre ne voilait ce ravissant visage,
Ce rayon n’avait pas traversé de nuage.
Son pas insouciant, indécis, balancé,
Flottait comme un flot libre où le jour est bercé,