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À mon âme, ô mon Dieu, de toi seul possédée,
Que sert un temps écrit ? que sert un jour compté ?
Tous les temps n’ont qu’un jour à qui n’a qu’une idée :
Celui qui vit en toi date en éternité !


Le silence et la solitude
De leur rouille ont usé mes sens ;

Mon oreille des sons a perdu l’habitude ;
Ma bouche pour parler cherche en vain des accents ;

Mon corps, courbé par la prière,

Insensible au soleil, aux hivers endurci,

Est aussi rude que la pierre
Que mes pieds nus foulent ici.


Mais le sens qui t’adore a grandi dans mon âme,
C’est le seul désormais dont ma vie ait besoin ;
Il voit, il sent, il touche, il entend, il proclame
Les choses de plus haut, et son Dieu de plus loin !
Pour s’élever à toi mon aile est plus rapide,
Mon esprit plus muet en toi s’anéantit !

Ainsi, plus le temple est vide,
Plus l’écho sacré retentit.