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Des autels sur la grève où pleure Salamine,
Des autels sur le cap où méditait Platon.

Les prêtres ont conduit le long de leurs rivages
Des femmes, des vieillards qui t’invoquaient en chœurs,

Des enfants jetant des fleurs
Devant les saintes images,

Et des veuves en deuil qui cachaient leurs visages

Dans leurs mains pleines de pleurs.


Le bois de leurs vaisseaux, leurs rochers, leurs murailles,
Les ont livrés vivants à leurs persécuteurs ;
Leurs têtes ont roulé sous les pieds des vainqueurs
Comme des boulets morts sur les champs de batailles ;
Les bourreaux ont plongé la main dans leurs entrailles ;
Mais ni le fer brûlant, Seigneur, ni les tenailles,

N’ont pu t’arracher de leurs cœurs !


Et que disent, Seigneur, ces nations armées
Contre ce nom sacré que tu ne venges pas ?

« Tu n’es plus le Dieu des armées !
Tu n’es plus le Dieu des combats ! »