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Charge-toi seule, ô Providence,
De connaître nos bienfaiteurs,
Et de puiser leur récompense
Dans les trésors de tes faveurs !

Notre cœur, qui pour eux t’implore,
À l’ignorance est condamné ;
Car toujours leur main gauche ignore
Ce que leur main droite a donné.

Mais que le bienfait qui se cache
Sous l’humble manteau de la foi
À leurs mains pieuses s’attache,
Et les trahisse devant toi !

Qu’un vœu qui dans leur cœur commence,
Que leurs soupirs les plus voilés,
Soient exaucés dans ta clémence
Avant de t’être révélés !

Que leurs mères, dans leur vieillesse,
Ne meurent qu’après des jours pleins !
Et que les fils de leur jeunesse
Ne restent jamais orphelins !

Mais que leur race se succède
Comme les chênes de Membré,
Dont le vieux tronc aux ans ne cède
Que quand le jeune a prospéré !