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À chaque éclair, à chaque étoile
Que je découvrais dans les cieux,
Je croyais voir tomber le voile
Qui le dérobait à mes yeux ;
Je disais:« Un mystère encore !
Voici son ombre, son aurore,
Mon âme ! il va paraître enfin ! »
Et toujours, ô triste pensée !
Toujours quelque lettre effacée
Manquait hélas ! au nom divin.

Et maintenant, dans ma misère,
Je n’en sais pas plus que l’enfant
Qui balbutie après sa mère
Ce nom sublime et triomphant ;
Je n’en sais pas plus que l’aurore
Qui de son regard vient d’éclore,
Et le cherche en vain en tout lieu ;
Pas plus que toute la nature,
Qui le raconte et le murmure,
Et demande : « Où donc est mon Dieu ? »





Voilà pourquoi mon âme est triste,

Comme une mer brisant la nuit sur un écueil,

Comme la harpe du Psalmiste,
Quand il pleure au bord d’un cercueil ;

Comme l’Horeb voilé sous un nuage sombre,
Comme un ciel sans étoile ou comme un jour sans ombre,
Ou comme ce vieillard qu’on ne put consoler,
Qui, le cœur débordant d’une douleur farouche,