Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 29.djvu/492

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

interrompue d’hommes d’élite. En les groupant, il n’est pas douteux qu’elle ne les ait multipliés. L’académie de Mâcon a remplacé pendant plusieurs années cette académie de Dijon, foyer littéraire de la Bourgogne, berceau du nom de Jean-Jacques Rousseau et de Buffon.

Malgré mon inexpérience et mes années, mon oncle voulut m’y faire recevoir. On m’y reçut sous son patronage, à cause de lui et non à cause de moi. J’y fis un discours de réception, ma première page littéraire publique, sur les avantages de la communication des idées entre les peuples par la littérature. J’ai retrouvé, il y a peu de temps, le manuscrit de ce premier discours, et je l’ai brûlé après l’avoir relu, pour bien effacer les traces du chemin banal par où j’avais conduit ma pensée. Depuis, j’ai été un membre peu assidu, mais fidèle de ce corps littéraire qui avait daigné m’accueillir par anticipation sur le temps et sur la renommée. Je lui devais plus que des heures de gloire, je lui devais des heures d’amitié.


XL


Quant aux jeunes gens de mon âge à cette époque, aucun rapport de vie, de goûts ou d’études ne m’attirait vers eux ou ne les attirait vers moi. A l’exception de trois d’entre eux, dont j’avais été le camarade de collège, je n’en fréquentais aucun. Ils s’occupaient de plaisirs, de festins, de bals, de chasses. J’étais trop triste pour m’évaporer à ces joies. Je n’en connaissais point qui cultivât alors sa pensée. L’empire matérialisait toute la jeunesse qu’il ne consommait pas dans ses camps ou