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dans le pays et à Paris les exaltations d’actes et de discours qui avaient signalé son fanatisme de cœur dans les premières cérémonies populaires de 89, de 90 et de 91. Homme de bonne foi, il ne les reniait pas ; une âme comme la sienne, qui n’a rien à cacher, n’a rien à désavouer. Il disait simplement, comme le poëte Alfieri, témoin des orgies sanglantes de 1793 : « Je connaissais les grands, je ne connaissais pas le peuple. Je me repens d’avoir cru les hommes meilleurs qu’ils ne le sont. Si c’est un crime, c’est le crime d’une âme honnête ! »

C’était l’âme de M. de Larnaud. Aussitôt après le 10 août et les persécutions contre la famille royale, il s’était rangé avec la même passion du parti des victimes. Il s’était lié avec les Girondins, avec madame Roland, avec Vergniaud surtout, pour partager leurs dangers et leur gloire. Il était intarissable sur ces hommes que la révolution avait dévorés parce qu’ils osaient lui disputer ses crimes. Il était resté fidèle à leurs doctrines de sage et pure liberté. Il ne gémissait pas sur leur échafaud, qui était leur piédestal pour l’histoire, mais sur le vote de quelques-uns d’entre eux, conlre leur conviction, de la mort du roi pour sauver le peuple. Il savait qu’on sauve souvent une nation par un martyre, jamais par un crime. C’est M. de Larnaud qui a le premier imbu mon imagination de ces grandes scènes, de ces grandes physionomies, de ces grands noms, de ces grandes éloquences de la seconde période de la révolution, laquelle il avait participé, qu’il peignait en traits de feu, et que je devais peindre moi-même longtemps après dans une page d’histoire : les Girondins.

Il n’avait pas moins d’enthousiasme pour la littérature et pour la poésie que pour la politique. Compatriote et camarade de Rouget de Lisle, auteur de la Marseillaise ;