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faux pas affaiblis d’une aristocratie de vieillards. Après avoir monté une demi-rampe de ces degrés, on se trouvait en face d’une large fenêtre et d’une porte vitrée plus large encore ouvrant sur un jardin intérieur. Ce jardin, étroit et profond, était encaissé dans de hautes murailles grises tapissées de rosiers et d’abricotiers en espalier. Au milieu s’élevait un arbuste isolé d’aubépine rose qui avait pris, à force d’années, le tronc, la ramure et la portée d’un arbre forestier. De petites allées sablées et encadrées de bordure de buis en ceignaient le jardin. Le fond était décoré de volières en treillis en bois peint, dans lesquelles mes sœurs faisaient nicher leurs colombes, et d’une petite fontaine à bassin de marbre et à statue de l’Amour, dont le dauphin à sec ne versait que de la poussière, et n’avait pour écume que des toiles d’araignées. Par-dessus les murs du jardin, on n’apercevait que les toits de tuiles rouges et les dernières mansardes grillées de fer de quelques hautes maisons d’artisans et d’un couvent de vieilles religieuses. Aspect monastique qui donnait au jardin, quoique très-lumineux, le caractère, le silence et le recueillement d’un cloître espagnol.


VIII


En rentrant du jardin, et en montant de nouveau l’escalier, on se trouvait sur le grand palier du premier étage. Trois hautes portes à doubles battants et à haut entablement, dont l’une faisait face à la rampe, et dont les deux autres s’ouvraient à droite et à gauche, s’y regardaient.