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quittant la tribune, il prit les armes. Lyon s’insurgeait contre la tyrannie. Il vit dans cette insurrection toute municipale quelque chance d’entraîner cette ville et le Midi dans un mouvement involontaire de royalisme et de restauration monarchique. Il y accourut. On lui donna le commandement de la cavalerie lyonnaise pendant le siège de cette ville par l’armée républicaine. Dans la nuit qui précéda la reddition de la place, il se mit à la tête de la cavalerie et tenta de se faire jour à travers les troupes de la Convention. Il y réussit ; mais, en sauvant une partie de ses compagnons de fuite, il fut tué lui-même à quelques lieues de Lyon. On ne put retrouver son corps. Il n’a reparu de lui que son nom, qui est resté gravé dans nos annales parmi les fondateurs de notre révolution.


XV


Après sa mort, sa veuve, restée dans les murs de Lyon avec son fils, n’échappa que par la fuite à l’échafaud. Vêtue en mendiante, elle erra dans les montagnes du Dauphiné. Elle y confia son enfant à une paysanne dévouée et fidèle, qui éleva le fils du proscrit parmi les siens. Madame de Virieu passa la frontière-et vécut du travail de ses mains en Allemagne, espérant toujours le retour de son mari, dont la mort ne lui était pas connue. C’était une femme d’un caractère héroïque et que son extrême piété tournait au mysticisme religieux le plus tendre et le plus exalté. Son amour pour la mémoire de son mari allait jusqu’à la vision extatique. Sa longue vie depuis le jour où elle le perdit jusqu’à sa mort n’a été