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L’HIRONDELLE


A MADEMOISELLE DE VINCY


Pourquoi me fuir, passagère hirondelle ?
Viens reposer ton aile auprès de moi.
Pourquoi me fuir ? c’est un cœur qui t’appelle
Ne suis-je pas voyageur comme toi ?

Dans ce désert le destin nous rassemble.
Va, ne crains pas d’y nicher près de moi.
Si tu gémis, nous gémirons ensemble.
Ne suis-je pas isolé comme toi ?

Peut-être, hélas ! du toit qui t’a vu naître,
Un sort cruel te chasse ainsi que moi ;
Viens t’abriter au mur de ma fenêtre.
Ne suis-je pas exilé comme toi ?

As-tu besoin de laine pour la couche
De tes petits frissonnant près de moi ?
J’échaufferai leur duvet sous ma bouche.
N’ai-je pas vu ma mère comme toi ?

Vois-tu là-bas, sur la rive de France, n
Ce seuil aimé qui s’est ouvert pour moi ?
Val portes-y le rameau d’espérance.
Ne suis-je pas son oiseau comme toi ?

Ne me plains pasl Ahi si la tyrannie
De mon pays ferme le seuil pour moi,
Pour retrouver la liberté bannie,
N’avons-nous pas notre ciel comme toi ?