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La grand-mère se jeta à genoux près du lit en poussant de ses deux bras les deux petits enfants qu’elle avait amenés pour l’attendrir, et en se couvrant de leurs corps comme d’un bouclier contre les reproches de sa petite-fille. Les enfants se jetèrent tout en cris et tout en pleurs dans les bras de leur sœur. En se levant pour les caresser et pour embrasser sa grand-mère, le mouchoir qui couvrait la tête de Graziella tomba et laissa voir sa tête dépouillée de sa chevelure. À la vue de ces outrages à sa beauté dont ils comprirent trop le sens, ils frémirent. Les sanglots éclatèrent de nouveau dans la maison. La religieuse qui venait d’entrer calma et consola tout le monde ; elle ramassa les tresses coupées du front de Graziella, elle les fit toucher à l’image de la Madone en les pliant dans un mouchoir de soie blanc, et les remit dans le tablier de la grand-mère. « Gardez-les, lui dit-elle, pour les lui montrer de temps en temps, dans son bonheur ou dans ses peines, et pour lui rappeler quand elle appartiendra à celui qu’elle aime, que les prémices de son cœur doivent appartenir toujours à Dieu, comme les prémices de sa beauté lui appartiennent dans cette chevelure. »


XXIV


Le soir, nous revînmes tous ensemble à Naples. Le zèle que j’avais montré pour retrouver et sauver Graziella dans cette circonstance avait redoublé l’affection de la vieille femme et du pêcheur pour moi. Aucun d’eux ne soupçonnait la nature de mon intérêt pour elle et de son attachement pour moi. On attribuait toute sa répugnance