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Ou, frappant le tison aux brûlantes prunelles,
Lisait sa destinée au vol des étincelles,
Ou regardait, distraite, .aux flammes du noyer,
Les murs réverbérer les lueurs du foyer.


Milly, 1805, 16 décembre.


XII


Je lui remis un soir, en nous séparant, le volume grossi de ces vers. Elle les fut sans colère et vraisemblablement sans surprise. Elle y répondit par un petit poëme ossianique aussi, comme le mien, intercalé dans les pages d’un autre volume. Ses vers n’exprimaient que la plainte mélancolique d’une jeune vierge de Morven, qui voit le vaisseau de son frère partir pour une terre lointaine, et qui reste à pleurer le compagnon de sa jeunesse, au bord du torrent natal. Je trouvai cette poésie admirable et bien supérieure à la mienne. Elle était en effet plus correcte et plus gracieuse. Il y avait de ces notes que la rhétorique ne connaît pas et qu’on ne trouve que dans ’un cœur de femme. Notre correspondance poétique se poursuivit ainsi quelques jours, et resserra, par cette confidence de nos pensées, l’intimité qui existait déjà entre nos yeux.