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NOTE SIXIÈME


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L’été sort de l’hiver, le jour sort de la nuit.


Quand Socrate eut ainsi parlé, Cébès prenant la parole lui dit : « Socrate, tout ce que tu viens de dire me semble très-vrai. Il n’y a qu’une chose qui paraît incroyable à l’homme : c’est ce que tu as dit de l’âme. Il semble que lorsque l’âme a quitté le corps, elle n’est plus ; que, le jour où l’homme expire, elle se dissipe comme une vapeur ou comme une fumée, et s’évanouit sans laisser de traces : car si elle subsistait quelque part recueillie en elle-même, et délivrée de tous les maux dont tu as fait le tableau, il y aurait une grande et belle espérance, ô Socrate, que tout ce que tu as dit se réalise. Mais que l’âme survive à la mort de l’homme, qu’elle conserve l’activité et la pensée, voilà ce qui a peut-être besoin d’explication et de preuves.

» Tu dis vrai, Cébès, reprit Socrate ; mais comment ferons-nous ? Veux-tu que nous examinions dans cette conversation si cela est vraisemblable, ou si cela ne l’est pas ?

» Je prendrai un très-grand plaisir, répondit Cébès, à entendre ce que tu penses sur cette matière.

» Je ne pense pas au moins, reprit Socrate, que si quelqu’un nous entendait, fût-ce un faiseur de comédies, il pût me reprocher que je badine, et que je parle de choses qui ne me regardent pas[1]. Si donc tu le veux, examinons ensemble cette question. Et

  1. Allusion à un reproche d’Eupolis, poëte comique. (Olymp., ad Phœdon. ; Proclus, ad Parmenidem, lib. I, p. 50, édit. Parisiens., t. IV.)