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Sa taille, en marchant, se balance
Comme la nacelle, qui danse
Lorsque la voile s’arrondit
Sous son mât que berce l’aurore,
Balance son flanc vide encore
Sur la vague qui rebondit.

Son âme n’est rien que tendresse,
Son corps qu’harmonieux contour ;
Tout son être, que l’œil caresse,
N’est qu’un pressentiment d’amour.
Elle plaint tout ce qui soupire ;
Elle aime l’air qu’elle respire,
Rêve ou pleure, ou chante à l’écart,
Et, sans savoir ce qu’il implore,
D’une volupté qu’elle ignore
Elle rougit sous un regard !

Mais déjà sa beauté plus mûre
Fleurit à son quinzième été ;
À ses yeux toute la nature
N’est qu’innocence et volupté.
Aux feux des étoiles brillantes,
Au doux bruit des eaux ruisselantes,
Sa pensée erre avec amour ;
Et toutes les fleurs des prairies,
Entre ses doigts trop tôt flétries,
Sur son char sèchent tour à tour.

L’oiseau, pour tout autre sauvage,
Sous ses fenêtres vient nicher,
Ou, charmé de son esclavage,
Sur ses épaules se percher.