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Sa terre les nourrit, son soleil les éclaire,
Sa grâce les attend, sa bonté les tolère ;
Ils ont part à ses dons qu’il nous daigne épancher ;
Pour eux le ciel répand sa rosée et son ombre,
Et de leurs jours mortels il leur compte le nombre

Sans en rien retrancher.


Il prête sa parole à la voix qui le nie ;
Il compatit d’en haut à l’erreur qui le prie ;
À défaut de clartés, il nous compte un désir.
La voix qui crie : Allah ! la voix qui dit : mon Père,
Lui portent l’encens pur et l’encens adultère :

À lui seul de choisir.


Ah ! pour la vérité n’affectons pas de craindre :
Le souffle d’un enfant, là-haut, peut-il éteindre
L’astre dont l’Éternel a mesuré les pas ?
Elle était avant nous, elle survit aux âges ;
Elle n’est point à l’homme, et ses propres nuages

Ne l’obscurciront pas.


Elle est, elle est à Dieu qui la dispense au monde,
Qui prodigue la grâce où la misère abonde.
Rendons grâce à lui seul du rayon qui nous luit,
Sans nous épouvanter de nos heures funèbres,
Sans nous enfler d’orgueil, et sans crier ténèbres

Aux enfants de la nuit.


Esprits dégénérés ! ces jours sont une épreuve,
Non pour la vérité, toujours vivante et neuve,
Mais pour nous que la peine invite au repentir.
Témoignons pour le Christ, mais surtout par nos vies ;
Notre moindre vertu confondra plus d’impies

Que le sang d’un martyr.