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LA MORT


Sur les flancs arrondis du vase au large bord,
Qui jamais de son sein ne versait que la mort,
L’artiste avait fondu sous un souffle de flamme
L’histoire de Psyché, ce symbole de l’âme ;
Et, symbole plus doux de l’immortalité,
Un léger papillon en ivoire sculpté.
Plongeant sa trompe avide en ces ondes mortelles,
Formait l’anse du vase en déployant ses ailes.
Psyché, par ses parents dévouée à l’Amour,
Quittant avec l’aurore un superbe séjour,
D’une pompe funèbre allait environnée
Tenter comme la mort ce divin hyménée ;
Puis, seule, assise, en pleurs, le front sur ses genoux,
Dans un désert affreux attendait son époux ;
Mais, sensible à ses maux, le volage Zéphire,
Comme un désir divin que le ciel nous inspire,
Essuyant d’un soupir les larmes de ses yeux,
Dormante, sur son sein l’enlevait dans les cieux.
On voyait son beau front penché sur son épaule
Livrer ses longs cheveux aux doux baisers d’Éole ;
Et Zéphyr, succombant sous son charmant fardeau,
Lui former de ses bras un amoureux berceau,
Effleurer ses longs cils de sa brûlante haleine,
Et, jaloux de l’Amour, la lui rendre avec peine.

Ici, le tendre Amour sur des roses couché
Pressait entre ses bras la tremblante Psyché,
Qui, d’un secret effroi ne pouvant se défendre,
Recevait ses baisers sans oser les lui rendre ;
Car le céleste époux, trompant son tendre amour,
Toujours du lit sacré fuyait avec le jour.

Plus loin, par le désir en secret éveillée,
Et du voile nocturne à demi dépouillée,