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HARMONIES POÉTIQUES

La barque du pêcheur tend son aile sonore,
Où le vent du matin vient déjà palpiter,
Et bondit sur les flots que l’ancre va quitter,

Pareille au coursier qui dévore
Le frein qui semble l’irriter.

Le navire, enfant des étoiles,

Luit comme une colline aux bords de l’horizon,
Et réfléchit déjà dans ses plus hautes voiles
La blancheur de l’aurore et son premier rayon.

Léviathan bondit sur ses traces profondes ;
Et, des flots par ses jeux saluant le réveil,
De ses naseaux fumants il lance au ciel les ondes,
Pour les voir retomber en rayons du soleil.


L’eau berce, le mât secoue
La tente des matelots ;
L’air siffle, le ciel se joue
Dans la crinière des flots ;
Partout l’écume brillante
D’une frange étincelante
Ceint le bord des flots amers :
Tout est bruit, lumière et joie ;
C’est l’astre que Dieu renvoie,
C’est l’aurore sur les mers.


Ô Dieu, vois sur la terre ! un pâle crépuscule
Teint son voile flottant par la brise essuyé ;
Sur les pas de la nuit l’aube pose son pié ;