De tes accents mortels j’ai perdu la mémoire.
Nous ne chanterons plus qu’une éternelle gloire
Au seul digne, au seul saint, au seul grand, au seul bon ;
Mes jours ne seront plus qu’un éternel délire,
Mon âme qu’un cantique et mon cœur qu’une lyre ;
Et chaque souffle enfin que j’exhale ou j’aspire,
Un accord à son nom !
Élevez-vous, voix de mon âme,
Avec l’aurore, avec la nuit !
Élancez-vous comme la flamme,
Répandez-vous comme le bruit !
Flottez sur l’aile des nuages,
Mêlez-vous aux vents, aux orages,
Au tonnerre, au fracas des flots :
L’homme en vain ferme sa paupière ;
L’hymne éternel de la prière
Trouvera partout des échos !
Ne craignez pas que le murmure
De tous ces astres à la fois,
Ces mille voix de la nature
Étouffent votre faible voix !
Tandis que les sphères mugissent,
Et que les sept cieux retentissent
Des bruits roulants en son honneur,
L’humble écho que l’âme réveille
Porte en mourant à son oreille
La moindre voix qui dit : Seigneur !