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ET RELIGIEUSES.


Don sacré du Dieu qui m’enflamme,
Harpe qui fais trembler mes doigts,
Sois toujours le cri de mon âme ;
À Dieu seul rapporte ma voix.
Je frémis d’amour et de crainte
Quand, pour toucher ta corde sainte,
Son esprit daigna me choisir ;
Moi, devant lui moins que poussière,
Moi, dont jusqu’alors l’âme entière
N’était que silence et désir !

Hélas ! et j’en rougis encore,
Ingrat au plus beau de ses dons,
Harpe que l’ange même adore,
Je profanai tes premiers sons ;
Je fis ce que ferait l’impie,
Si ses mains, sur l’autel de vie,
Abusaient des vases divins,
Et s’il couronnait le calice,
Le calice du sacrifice,
Avec les roses des festins.

Mais j’en jure par cette honte
Dont rougit mon front confondu,
Et par cet hymne qui remonte
Au ciel dont il est descendu ;
J’en jure par ce nom sublime
Qui ferme et qui rouvre l’abîme,
Par l’œil qui lit au fond des cœurs,
Par ce feu sacré qui m’embrase,
Et par ces transports de l’extase
Qui trempent tes cordes de pleurs :