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Ni des prodiges saints par la croix opérés,
Ni des péchés remis dans les lieux consacrés.
D’un plus fier évangile apôtres plus farouches,
Des mots retentissants résonnent sur leurs bouches :
Gloire, honneur, liberté, grandeur, droit des humains,
Mort aux tyrans sacrés égorgés par leurs mains,
Mépris des préjugés sous qui rampe la terre,
Secours aux opprimés, vengeance, et surtout guerre !
Ils vont, suivant partout l’errante Liberté,
Répondre en Orient au cri qu’elle a jeté ;
Briser les fers usés que la Grèce assoupie
Agite, en s’éveillant, sur une race impie ;
Et voir dans ses sillons, inondés de leur sang,
Sortir d’un peuple mort un peuple renaissant.


XII


Déjà, dorant les mâts, le rayon de l’aurore
Se joue avec les flots que sa pourpre colore ;
La vague, qui s’éveille au souffle frais du jour,
En sillons écumeux se creuse tour à tour ;
Et le vaisseau, serrant la voile mieux remplie,
Vole, et rase de près la côte d’Italie.
Harold s’éveille ; il voit grandir dans le lointain
Les contours azurés de l’horizon romain ;
Il voit sortir grondant, du lit fangeux du Tibre,
Un flot qui semble enfin bouillonner d’être libre,
Et Soracte, dressant son sommet dans les airs,
Seul se montrer debout où tomba l’univers.
Plus loin, sur les confins de cette antique Europe,
Dans cet Éden du monde où languit Parthénope,