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III


Chambon, avant de faire lire au roi, par le secrétaire de la commune, Colombeau, le décret qui appelait Louis à la barre, lui parla avec la dignité triste et l’accent ému convenable dans un magistrat qui parle au nom du peuple, mais qui parle à un prince déchu. Colombeau lut le décret à haute voix. La Convention, pour effacer tous les titres monarchiques et pour rappeler le roi, comme un simple individu, au seul nom primitif de sa famille, l’appelait Louis Capet. Le roi se montra plus sensible à cette dégradation du nom de sa race qu’à la dégradation de ses autres titres ; il eut un mouvement d’indignation à ce mot. « Messieurs, répondit-il, Capet n’est point mon nom, c’est le nom d’un de mes ancêtres. J’aurais désiré qu’on m’eût laissé mon fils au moins pendant les heures que j’ai passées à vous attendre. Au reste, ce traitement est une suite de ceux que j’éprouve ici depuis quatre mois. Je vais vous suivre, non pour obéir à la Convention, mais parce que mes ennemis ont la force en main. » Il demanda à Cléry une redingote de couleur brune, qu’il revêtit par-dessus son habit ; il prit son chapeau et il suivit le maire, qui marchait devant lui. Arrivé à la porte de la tour ; le roi monta dans la voiture du maire. Les glaces baissées permettaient de voir dans l’intérieur. La voiture roula lentement dans les cours : le bruit des roues sur le pavé apprit à la reine et