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Saint-Just reprit la parole le 27 décembre et réfuta en axiomes brefs et tranchants comme la hache la défense prononcée la veille. Il résuma son discours dans ces mots : Si le roi est innocent, le peuple est coupable ! Vous avez proclamé la loi martiale contre les tyrans du monde, et vous épargneriez le vôtre ! La révolution ne commence que quand le tyran finit ! » Barbaroux parla sans conclure, et donna par une réticence, si contraire à l’énergie de son caractère, le premier symptôme de la fluctuation d’esprit des Girondins.

Lequinio répondit à Barbaroux : « Si je pouvais de cette main, dit-il, assassiner d’un seul coup tous les tyrans, je les frapperais à l’instant ! » Des applaudissements ayant éclaté dans la salle, et le président ayant menacé d’en appeler à la force pour rétablir l’ordre, un orage de voix éclata dans l’Assemblée. Vergniaud se plaignit de ces tumultes, qui présentaient la république naissante sous la forme hideuse de l’anarchie. Il demanda que le nom des députés censurés fût envoyé aux départements. « Nous ne sommes pas la Convention de Paris, s’écria Buzot, mais la Convention de la France et des départements ! »

Dans la séance du 17 janvier, le ministre des affaires étrangères, Lebrun, communiqua des notes de la cour d’Espagne. L’ambassadeur de cette cour intercédait pour la vie de Louis XVI, et promettait à ce prix l’éloignement des troupes que l’Espagne avait rassemblées sur les frontières des Pyrénées. « Loin de nous toute influence étrangère répondit Thuriot. Nous ne traitons pas avec les rois, mais avec les peuples ! ajouta Chasles ; déclarons qu’à l’avenir aucun de nos agents ne traitera avec une tête couronnée avant que la république soit reconnue ! »